Mongolie 2009

Voyage en mongolie en fourgon aménagé

2009-08-31 Auschwitz – Wroclaw

Posté par ohad le 1 septembre 2009

Cette nuit nous avions choisi le meilleur emplacement du parking. Sans le savoir nous étions sous le seul arbre de tout le parking. Donc à l’ombre alors que le soleil tapait déjà fort…

On retourne au musée vers 10h car on avait repéré que la visite guidée en Français avait lieu à 10h30. Les billets sont moins chers que le prix annoncé par le Routard… tant mieux, on pourra peut être acheter un livre à la fin de la visite.

Pendant qu’on attend le guide, on rencontre les autres français qui feront la visite avec nous. Tous jeunes (maximum la 30aine) : un gars qui visite la pologne en solo avec sa voiture. Un autre qui fait toute l’Europe avec Interail. Et deux filles à qui on n’a pas eu l’occasion de parler. Notre guide arrive à l’heure prévue. Il parle un français correct, mais avec un très fort accent polonais. Difficile de s’y faire au début.

Chacun reçoit un casque et un récepteur FM qui permet d’entendre le guide sans qu’il ait besoin d’élever la voix. En effet il y a beaucoup plus de monde que la veille, et les groupes sont parfois nombreux à entrer dans le même bloc.

Les commentaires du guide sont très complets, et nous permettent de mieux comprendre ce qu’on a pas forcément saisi la veille. Si vous passez ici, on vous conseille la visite guidée qui vaut son prix. Mon seul reproche est que les explications sont restées très factuelles (trop ?), alors que j’aurais bien voulu entendre des textes un peu plus émouvants, par exemple des témoignages de détenus ou victimes. Dans les groupes israéliens que nous avons croisé, le guide ou les participants lisaient ce genre de texte en rapport avec l’endroit dans lequel ils se trouvaient, et cela rendait l’écrit très poignant… et la visite plus touchante.

On commence la visite en parcourant les expositions des blocs 4, 5 et 6.

Le premier bloc raconte l’histoire du camp d’Auschwitz et donne quelques explications sur son fonctionnement.

Auschwitz est un camp de concentration et d’extermination. Les deux « fonctions » sont bien présentes, puisque les prisonniers les plus forts étaient utilisés pour des travaux forcés, souvent jusqu’à leur mort par épuisement, tandis que les plus faibles étaient menés directement aux chambres à gaz puis incinérés aux fours crématoires. D’autres camps en Allemagne ou en Pologne n’avaient qu’une des « fonctions », par exemple Treblinka qui n’était qu’un camp d’extermination.

On estime qu’un convoi comptait environ 75% de gens « inaptes » au travail, et qui étaient conduits directement aux chambres à gaz.

Au début de la vie du camp, les détenus Polonais, Juifs et non Juifs, étaient majoritaires dans le camp. Mais à partir de 1942, et la conférence de Wannsee lors de laquelle est décidée la « solution finale » au « problème juif », des trains entiers remplis de juifs de toute l’Europe arrivent ici.

En tout, les historiens s’accordent sur le chiffre de 1,3Millions de personnes tuées à Auschwitz, dont 1Million de Juifs.

Seuls les juifs ont droit à la « sélection ». Les autres détenus passent tous par la case « travaux forcés ».

Cette sélection avait au début lieu sur une rampe aménagée à cet effet qui se trouvait à mi chemin entre les deux camps d’Auschwitz et Birkenau. Par la suite (vers 1942), la voie de chemin de fer fut prolongée à l’intérieur du camp de Birkenau, et la sélection avait lieu directement dans le camp.

Des photos dans les blocs montrent comment se passait cette sélection. D’autres photos prises par les SS montrent la vie dans le camp. Enfin, on peut voir certaines photos prises en cachette par les « Sonderkomando », les équipes de prisonniers chargées de prendre les corps depuis la chambre à gaz jusqu’au four crématoire, montrant des bûchers humains en plein air, des groupes de femmes sortant du train, contraintes de se déshabiller en plein air et amenées dans les chambres à gaz.

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les blocs à Auschwitz I

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Double rangée de barbelés électrifiés

Hier lorsque nous étions rentrés dans le four crématoire nous n’avions même pas compris que nous étions d’abord passés par la chambre à gaz. Avec les explications du guide c’est beaucoup plus clair. Cette chambre à gaz n’a fonctionné que jusqu’à l’ouverture des chambres à gaz et fours crématoires de Birkenau, en 1942. Les détenus se déshabillaient à l’extérieur du bâtiment, puis entraient à plus de 2000 dans une pièce de 200m². Le gaz Zyklon B était lancé directement par des orifices que les Nazi avaient aménagés au dessus du bâtiment.

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Dès 1943 le bâtiment est transformé en morgue, puis en abri anti-missile. C’est pour cela qu’il n’a pas été détruit par les Nazi, alors que les autres chambres à gaz / fours crématoires ont été dynamités.

Les blocs suivants montrent quelques objets récupérés dans les blocs appelés « Canada ». Ces blocs étaient d’immenses hangars où les Allemands stockaient les effets personnels des Juifs. Il faut savoir que les Allemands faisaient croire aux Juifs d’Europe qu’ils allaient vivre sur de nouvelles terres. La plupart prenaient dans leurs bagages de quoi pouvoir vivre pendant quelques jours : vêtements, nourriture, effets personnels, bijoux, argent, etc.

Pour que le subterfuge fonctionne au mieux, des tickets de train personnalisés leurs étaient parfois  vendus, ainsi que des titres de propriétés ou des magasins fictifs. Ils devaient de plus inscrire leur noms, prénoms, age et adresse sur leur valise « afin qu’ils puissent les retrouver » par la suite…

La suite, on la connaît, et dans les blocs on peut voir des montagnes de valises avec les noms de leur propriétaire, mais aussi des amoncellements de chaussures, des montagnes de vêtements d’enfants, de boites de cirage, de brosses à cheveux, de lunettes, etc.

Une vitrine montre également des prothèses humaines (jambes, bras, etc). Les équipes du Sonderkomando démontaient les prothèses des infirmes avant de les incinérer afin d’essayer de les adapter pour des soldats ou civils allemands…

Le plus impressionnant reste cette vitrine immense (10m de long) remplie à ras bord de cheveux humains grisonnants à cause du temps qui passe. Les prisonniers étaient rasés (hommes et femmes), et leurs cheveux étaient utilisés pour fabriquer du tissus (exemple de tissus humain également présenté en vitrine)

Dans le couloir d’un des blocs sont accrochées des photos de certains détenus polonais, avec leur date d’arrivée au camp, et leur date de mort présumée. La plupart n’ont pas tenu plus de 3 mois à Auschwitz.

Nous passons ensuite au bloc n° 11 qui était la « prison » du camp. Plus qu’une prison, il s’agit surtout d’un ensemble de salles de torture… Ce bloc a la particularité de posséder un sous-sol. C’est ici que les Allemands torturaient les prisonniers qui ont commis une « infraction » parfois mineure !

On trouve ainsi une salle où les prisonniers mourraient de faim, une autre où ils mourraient d’asphyxie (on les faisaient entrer à 30 ou 40 dans une pièce très petite, sans aucune aération). On trouve aussi ces « cabines à rester debout ». Il s’agit de cabines qui font exactement 1m², sans aucune fenêtre (simplement un trou de 5cm² pour l’aération). On y pénètre par une porte qui doit faire 50cm de large et de haut, située au sol. Les prisonniers y étaient placés par 4 (oui, 4 dans 1m²). Il y faisait totalement noir. Ils étaient si serrés qu’il leur était impossible de s’asseoir ni de s’allonger. Le matin ils devaient aller travailler comme si de rien n’était, et le soir ils étaient reconduits à la cabine, et ce jusqu’à 12 soirs d’affilée…

A côté du bloc 11 se situait le « mur de la mort » où les SS tuaient les prisonniers par fusillade. Le mur était recouvert d’une coche de liège afin d’atténuer le bruit des balles et éviter qu’elles ne ricochent. Les pistolets étaient équipés de silencieux, et les fenêtres du bloc n° 10 qui était attenant avaient été bouchées pour éviter que les prisonniers n’assistent à la fusillade.

Nous prenons ensuite la navette pour Birkenau avec notre guide et le groupe. Birkenau est un camp beaucoup plus grand qu’Auschwitz. C’est là que la majorité des juifs ont été conduits dans les chambres à gaz. Le camp pouvait accueillir plus de 100’000 prisonniers en permanence. Le camp de Birkenau a été laissé « en l’état », tel qu’il avait été retrouvé par l’armée rouge. Le Musée n’a fait que restaurer certains blocs qui tombaient en ruine, et remonter les cheminées des blocs qui s’étaient écroulées. Le camp est immense. Plus de 300ha. On a l’impression qu’il ne s’arrête qu’à l’horizon… des baraquements dans toutes les directions.

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On entre au camp par le fameux « portail de la mort »

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Au début les allemands faisaient construire les blocs en briques, mais la guerre avançant, les matériaux de construction se faisant de plus en plus rares, ils ont construit les blocs en bois.

Les premiers blocs que nous visitons sont en bois. Il s’agit des blocs de sanitaires (lavabos et lattrines).

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Aucune intimité, pas de chauffage, les prisonniers n’avaient droit qu’à quelques secondes le matin et quelques secondes le soir. Aucun système d’évacuation également, on imagine donc la puanteur qui devait régner à l’intérieur du bâtiment.

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Le bloc suivant est un bloc réservé aux hommes. Les deux poêles situés de part et d’autre du bloc ne servaient jamais.

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Vue de l’extérieur

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une grande partie du camp n’a pas résisté au temps, le bois putréfié n’a pas tenu longtemps. Seules les cheminées ont résisté, et montrent encore l’emplacement des nombreux blocs.

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On passe ensuite sur la « plateforme de sélection » où les prisonniers étaient triés. Ceux qui étaient aptes au travail étaient placés dans des blocs. Les autres étaient amenés en bout de quai où étaient situés les crématoires 2 et 3, ou à l’autre bout du camp, dans la forêt, pour les crématoires 4 et 5.

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Des groupes venus d’Israël visitent également le camp.

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Le mémorial aux victimes de l’holocauste, avec cette phrase écrite en 20 langues.

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« La porte de la mort » vue depuis le bout du quai

Nous passons ensuite à côté de ce qui reste des chambres à gazs et des fours crématoires du camp de Birkenau. Les SS les ont dynamités avant d’abandonner le camp, à la fin de la guerre, afin d’effacer les preuves de leurs massacres.

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au premier plan, l’escalier qui a conduit des millions de Juifs à la chambre à gaz.

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En bas de l’escalier se trouvait une première salle où les gens se déshabillaient, puis une porte s’ouvrait et ils entraient dans la chambre à gaz. Les portes se refermaient, et le gaz était introduit par des colonnes situées sur le toit.

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Venait ensuite le travail des Sonderkomando qui amenaient transportaient les corps jusqu’aux fours crématoires à l’aide d’ascenseurs électriques et les incinéraient.

Les cendres étaient jetées dans les rivières, lacs et étangs aux alentours. Nous sommes passé près d’un des étangs et on peut voir une stèle à la mémoire des victimes.

Au moment où nous visitions le site, des fouilles avaient lieu autour d’un des fours. Des historiens pensent en effet qu’il est possible de retrouver d’autres preuves des massacres, notamment des lettres qu’auraient écrits certains Sonderkomando décrivant l’horreur.

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on visite ensuite un bloc réservé aux femmes… Guère plus humain…

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dans chaque bloc un « capo » régnait en maître. Les capo étaient souvent des criminels allemands, brutaux et immoraux. Cela faisait partie de la stratégie Nazi que de terroriser les prisonniers. Ici, la chambre du capo dans le bloc des femmes, avec un petit poêle.

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Notre visite s’achève en montant sur la tour de guet, située juste au dessus du portail de la mort. De là, on peut voir l’étendue du camp, et comprendre l’ampleur de la chose…

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les rails et la rampe de sélection

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voilà ce que ça donnait à l’époque (photos prise par un SS)

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et un des côtés du camp qui s’étend à l’infini…

En sortant on profite de la librairie sur place pour acheter deux bouquins sur le sujet.

On rentre en navette à la voiture.

Avant de partir, on mange un morceau dans un des snacks devant le camp. Bouffe polonaise pas mauvaise (Zurek : une espèce de soupe aigre avec des morceaux de pomme de terre et de saucisse, ainsi que des Pierogi, sortes de grosses ravioles fourrées avec plein de trucs – champignons et choux pour nous).

On prend ensuite la route en direction de Wroclaw. En sortant de la ville d’Oswicim, on a droit de nouveau à des bouchons… En fait ils doivent refaire un morceau de route, et du coup tout le monde passe par le centre ville… 45 minutes pour en sortir.

Plus tard on prend l’autoroute et quelques kilomètres plus loin, re-bouchons… Cette fois c’est plus sérieux, et on reste carrément arrêtés sur l’autoroute.

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On en profite pour faire une partie de Badminton

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Puis pour boire l’apéro

Ouf, ça repart enfin. On arrive à Wroclaw et on cherche le « centrum ». On s’arrête quand on pense être pas loin, et on a tout bon : on est situés sur un parking à exactement 100m de l’hôtel de ville. La classe !

On se fait une visite du cœur de la ville (splendide), mais il est trop tard pour faire des photos de nuit sympa car il fait déjà trop noir… on reviendra demain.

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  1. Istvan a dit,

    Pour completer cette visite et apprendre un peu plus sur le sujet des camps, je ne peux que conseiller l’excellente bande dessinée « MAUS » de Art Spiegelman. Il retrace de façon très originale et émouvante la vie de son père juif pendant la guerre. C’est un chef d’oeuvre.

  2. Nathalie a dit,

    Récit qui fait froid dans le dos quand on pense que cela s’est déroulé il n’y a pas si longtemps que cela et surtout que cela a existé.

    Bonne continuation. bientot le retou.

    Bizzzz

  3. jess a dit,

    3ans de projets commun avec toute une section au bahut sur la seconde guerre mondiale,il a fallut que je choisisse le theme de la déportation je sais pas ce qui m est passé par la tete, je crois avoir vu tous les film sur le sujet des plus anciens au plus récent, et avoir lu assez pour comprendre l horreur et imaginer la souffrance de tout ces pauvres gens!
    moi je vous dis chapeau, parce que je sais que je serais incapable d aller la bas, ca me touche trop, rien que de vous lire je sais que ca va me travailler toute la journée!c est un devoir de memoire que nous avons pour toutes ses victimes, et heureusement qu il y a des gens comme vous pour aller visiter ce genre de camps des horreurs, et entretenir tout ca pour qu on ne l oubli jamais!

    vivement demain qu on voit quelque chose de plus gaie…. 🙂

    a bientot

  4. Stephane G a dit,

    On a beau savoir, c’est toujours aussi terrifiant…..

  5. ohad a dit,

    -> Istvan: effectivement, plusieurs personnes m’ont déja parlé de cette BD. Je pense que je vais l’acheter…

    -> nath, jess, steph: effectivement, c’est assez chaud, mais c’etait important pour nous d’y aller…

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