Un autre point de vue sur la Mongolie
En discutant par mail interposés avec un ami d’enfance actuellement en Mongolie, nous avons échangé nos points de vue sur nos expériences mutuelles de ce pays.
Il m’a gentiment autorisé à diffuser sur le blog un extrait de la discussion, aussi, voici un autre point de vue sur la Mongolie:
Salut Ohad,
En fait, je ne connais pas grand chose de la Mongolie car mon travail dans ce pays est très sédentaire et monopolise tout mon temps 7j/7j.
Le site où je bosse est situé en plein désert de Gobi. Mon travail se limite à l’exploration d’une zone de moins de 40 km de rayon autour du site principal où nous avons nos infrastructures.
C’est une zone désertique typique du Gobi avec de grandes plaines arides parcourues par des dunes de sable et encadrée par des reliefs mous surélevés de quelques centaines de mètres. Il y a là, quelques rares gazelles et ânes sauvages, chameaux, chevaux et chèvres d’élevage, lièvres, vautours, renards, hérissons, gerboises, insectes en tout genre (…) et des nuits étoilées de rêve.Pour être clair, en touriste, la Mongolie c’est un très joli pays totalement dépaysant. Mais pour le travail, le tableau se noircit très vite : en campagne les infrastructures du pays sont totalement pourries et dépassées. Aussi, quand il faut trouver des crayons et du papier de qualité c’est une vraie misère, car tout est importé de chine à des prix défiant toute concurrence (quand on sait en plus que les mongoles détestent cordialement les chinois, on devine le désastre qui s’augure). Le climat est
particulièrement dur (été très chaud et sec avec de fréquents vents de sable, hivers très froids avec du blizzard). Il nous est par exemple impossible de travailler en campagne durant l’hiver (les huiles de moteurs gèlent !) et, du coup, nous vivons dans le terrible smog d’UlaanBaatar (parfois au petit matin on y voit pas à plus de 200 m tellement les fumées de charbon sont épaisses) durant 3 mois de l’année. Ce smog pique fortement aux yeux et au nez, pour ne pas parler de ce qui se passe dans les poumons!
Le mongol est une langue impénétrable truffée de sons incroyables, aussi sans cours de langue intensifs, impossible de communiquer techniquement sans interprètes. C’est parfois terriblement emmerdant quand l’interprète est de mauvais poil.
Autre difficulté : le nationalisme. Voilà encore un fléau que tout pays connait, et qui en Mongolie s’applique à la perfection. Propagande militaire rampante, diffusion d’images mégalomanes de Gengis Khan un peu partout (tu connais ça je crois !), répétitions en boucle de scènes traditionnelles mongoles à la télévision et cerise sur le gâteau : xénophobie en ville. C’est souvent en fin de soirée, à Ulaanbaatar, quand tout le monde est bourré à la vodka que les pensées profondes de tout un chacun
ressurgissent et vous frappent au visage ! Et ça peu réellement faire mal.
Voilà un autre sujet désagréable : l’alcoolisme à la vodka. Comme si le pays n’était pas assez défoncé, il faut encore qu’une bonne proportion de ses habitants se biture à l’un des alcool les plus foudroyant que je connaisse !Bref j’arrête là la décente aux enfers. Pour revenir à un fait essentiel : les paysages de la Mongolie, pour ce que j’en connais (c’est à dire très peu), sont effectivement fabuleux tant ils sont vastes et dépaysant. Tandis que la faune y est encore assez bien préservée (de ce point de vue là, le nord de l’Afrique est en comparaison totalement ravagé). Les nomades mongoles sont généralement des gens remarquables par leur simplicité et leur mode de vie typique, il y a des moments magnifiquement intemporels à
partager avec certains d’entre eux.Oups, il faut que je me remette au travail.
A bientôt