2009-08-26 Moscou – Frontière Ukrainienne
On n’a pas très bien dormi cette nuit. On a tous les deux pensé aux problèmes de Züüd, à notre retour, et aux travaux qu’on aura à faire par la suite. Certaines pensées aussi pour le passage de douane qui nous attend et qui promet d’être difficile : toujours notre état civil un peu compliqué, sans compter qu’on ne s’est enregistré dans aucune ville (puisqu’on n’est jamais resté plus de 3 jours).
On s’est donc levé plus tôt que d’habitude, on a un peu rangé nos affaires chopé un hotspot pour mettre à jour le blog, et nous voilà partis pour faire les 550km qui nous séparent de la frontière Ukrainienne.
En sortant de Moscou, un bâtiment sur lequel est inscrit : « чэнтралъный дом туриста », ce qui donne phonétiquement « Tsentralini dom tourista ». sûrement un truc lié à la turista… (ou pas)
Près de l’aéroport, ils ont mis un vrai avion sur pilotis, pour que les gens comprennent que c’est par là.
alors qu’un simple panneau avec le signe avion aurait suffit…
On a droit à quelques bouchons à la sortie de mais rien de dramatique. Notamment un gros bouchon quand juste devant nous ils décident de couper l’autoroute pour changer les ampoules de l’éclairage public.
Au lieu de monter des gars sur des p’tites grues, ils descendent complètement les poteaux !
allez, tout le monde sort de sa voiture et gueule pour qu’on nous laisse passer !
Bon, de toutes façons nous on roule doucement, à notre rythme (70-80) pour ménager notre monture. Jusqu’ici tout va bien. Aucune perte de puissance, juste cette fumée (qui d’après moi est plus bleue que blanche d’ailleurs).
A midi on mange notre dernier repas en Russie. On s’arrête dans un « kafé » et on prend tout ce qu’on trouve de plus russe : des Shashliks ! Miam !
La route est longue, et on se relaie pour faire les 550km à 75km/h de moyenne.
En chemin, des champs brûlent. On dirait que c’est la méthode locale pour éliminer les foins non utilisables… Il me semble que j’avais déjà vu faire ça en Suisse également, après la récolte…
A 30 kilomètres de la frontière on doit se débarrasser de nos derniers roubles. On fait le plein et on remplit les 3 jerricans (à 14 roubles le litre de gasoil, soit environ 30 cts, il ne faut pas se priver… on les utilisera en europe). On finit les roubles avec des paquets de chips au caviar et du jus local…
ainsi qu’une glace à la gloire de l’URSS 😀
Au niveau de passage de frontière, on avait le choix entre la frontière principale, située sur la M3 entre Moscou et Kiev, ou la frontière « secondaire », celle que nous avions pris à l’aller.
Bien que le deuxième choix était celui que nous voulions prendre au début, car beaucoup moins fréquentée, nous avons finalement opté pour le premier choix car situé directement sur notre route, et donc moins de km pour Züüd.
En arrivant, vers 20h30, nous sommes étonnés car il y a finalement que peu de voitures.
coucher de soleil sur la frontière russo-ukrainienne
Le passage côté russe se fait étonnamment vite. En 30 minutes tout est torché. On ne nous a même pas ennuyé sur le non enregistrement dans les villes, aucune vérification à l’intérieur de la voiture, rien sur l’état civil un peu compliqué. Que du bonheur. Il faut dire aussi qu’on commence à maîtriser le système, et qu’on sait quel document présenter à quel moment…
Côté Ukrainien ça se complique un peu. Après le passage de la barrière, et la première vérification des passeports, un p’tit jeune douanier à la voix mielleuse nous aborde pour nous expliquer dans un anglais de bon niveau quelles seront les prochaines démarches. Il nous explique que quand on nous rendra nos passeports, on devra se ranger sur le côté, et que les douaniers vont contrôler la voiture.
On met donc la voiture sur le côté et c’est lui qui prend les choses en main. Il nous indique qu’on va devoir remplir un formulaire de déclaration des objets en cyrillique, et que c’est compliqué. Il commence à nous expliquer case par case ce qu’on doit y mettre. Nous, fiers d’avoir déjà rempli un formulaire quasiment identique côté russe, on lui montre et on lui explique que c’est bon, on maîtrise. Là il commence à analyser notre formulaire russe et commence à nous dire qu’on va devoir payer « des taxes » sur les objets emportés (genre PC, appareil photo, GPS, etc). Ah bon ? et pourquoi ça ?
Parce qu’on n’a pas les factures. Ah mais si ! justement, avant de partir on a fait faire la déclaration de passage de douane pour éviter de nous trimballer avec toutes les factures. On la lui montre mais ce qui ne lui plait pas c’est qu’il n’y a pas les montants d’indiqués dessus.
On ne comprend pas bien… à quoi servent les montants puisqu’on ne doit rien régler. La TVA a déjà été réglée en France.
Et c’est la que le jeune fourbe mielleux tente son coup (en fait il le préparait depuis le début, le bâtard !). Il nous explique que ça va être compliqué à remplir, qu’on va avoir droit à une fouille totale de la voiture, et qu’on va payer des taxes. Il nous propose par contre ses services pour remplir le formulaire « à la manière ukrainienne », pour qu’on n’ait rien à payer et qu’on nous rende nos documents et qu’il nous laisser partir en 5 minutes.
Le temps que j’explique la proposition à Poupoussy, il nous laisse 2 minutes « pour réfléchir ».
De notre côté, on n’en est plus à notre première tentative de racket, on décide de ne pas céder. Au pire il nous reste encore une bouteille de vin qu’on peut échanger contre services.
Le gars revient, et on lui explique que les euros qu’on a avec nous (ah oui, parce qu’il avait bien pris soin de nous demander combien d’argent liquide on avait avec nous auparavant) étaient destinés à la réparation de la voiture (il a bien vu la fumée…) et qu’on ne pouvait pas lui donner de l’argent pour cette raison (on fait un peu les chiens battus), mais par contre on peut lui proposer une bouteille de vin. Il refuse prétextant qu’il ne peut pas boire pendant son service (qui a dit qu’il fallait la boire maintenant ? ça se conserve, le vin, inculte !)
Et la il nous sort que pour 50 euros il nous fait passer en 5 minutes. Mais bien sur, et la marmotte, le chocolat, toussa… Quand on refuse, il descend à 30 euros…
Toujours pas.
Il repart avec nos papiers, un peu déçu, et avec la déclaration aussi, nous laissant un peu dans le flou. On attend quelques minutes, puis on se dit qu’on ne va pas se laisser faire cette fois. On entre dans le bureau des douaniers et on cherche notre gars pour lui demander la déclaration qu’on compte remplir nous même comme des grands. Il n’y a aucune raison pour qu’on paie quoi que ce soit, tout est en règle.
Le gars nous dit de retourner dans la voiture et qu’il revient dans 1 minute.
Il arrive effectivement avec nos passeports une minute plus tard, et nous demande une dernière fois s’il n’y a pas de compromis possible. Nous lui répondons que non. Il tente sa chance en nous demandant si on n’a pas de roubles ou de UAH (monnaie ukainienne), mais on lui répond qu’on n’a que des pièces, pas de billets.
Et là, il nous tend nos passeports et nous dit « this is my gift for you. You can go ». Ah bon ? pas de déclaration à remplir ? pas de fouille anale ? mais c’est super !!
On démarre la voiture et on sort de la douane ukrainienne, tout étonnés du dénouement de l’affaire.
Il fait déjà nuit (22h30) quand on repart, et on se dit que le meilleur bivouac pour cette nuit sera une station service. On roule dans le noir total (aucune ville/village à l’horizon sur 30 kilomètres).
A un moment on aperçoit de la lumière sur la route. Victoire, nous sommes sauvés, une station service.
Ah ben non… Mais qui est ce monsieur avec un bâton lumineux qui nous demande de nous arrêter sur le côté ? Argh, un contrôle de la police.
La routine jusqu’au moment où le flic m’appelle « Ohad » et me demande de sortir de la voiture.
Il cherche la plaque à l’arrière. Ah ben oui, il faut peut être qu’on l’accroche maintenant… Autant en Russie ils s’en foutent, autant ici il faut une plaque à l’avant et à l’arrière.
Je lui montre l’emplacement de la plaque, et lui mime un caillou qui vient la frapper, et il comprend qu’elle est tombée.
Bon, demain on l’accroche.
On trouve finalement une station et on s’arrête vers 23h.